Red Dead Salvation

Une étoffe enroulée autour de son coup et de ses épaules par dessus la longue veste de cuir, vain cache-poussière que les sables du wasteland auront tôt fait de prendre d'assaut, mitaines mitées qui tiennent la bride d'un chameau qui n'aura pas goûté longtemps au repos, le méhariste s'enfonce dans la nuit...
En réalité ils sont deux, oui ce sont bien les deux fuyards de la nuit noire.

Ranch Cassidy.
C'est ce que prétend le panneau de métal troué à l'entrée du petit domaine en ruines. Jadis de beaux purs-sang devaient battre la plaine ici, un enfoiré de propriétaire terrien devait capitaliser son empire peut-être, un artisan du Crash, n'ayons aucun scrupule à chier dans un coin de ce qui fut sa bâtisse.
Ce sera leur forteresse pour la nuit, les pans de murs tiennent pas mal debout et les abriteront du vent, il y aura bien de quoi se faire un feu avec les quelques débris sans valeur laissés là par les pillards.
Bon sang que l'air est frais, la nuit va être terrible.
L'irradié se met en quête de quelques vieilles branches, morceaux de cloisons et autres cartons pour allumer une petite flambée qui réchauffera soyons-en sûr les corps et les coeurs..

Ce faisant il croise le regard du rouquin.

Arrrh. Désolé pourrr toutes ces embrrrrouilles mon vieux.

Voilà qui est lâché entre des dents serrées.
Si la lune éclairait la face du rouge, nul doute qu'on pourrait lire sur son visage, lire dans ses tripes, même dans son coeur, mais en lui ouvrant le thorax. Ce type-là est déchiré, à vif comme une bête traquée, ne lui filez pas à bouffer, il mord. Perturbations à prévoir au pays des coyotes mutants.

Une allumette craquée fait feu, embrase un petit monticule de bois, de brindilles et de vieux emballages, la lumière défie les ténèbres, Delamort y voit une métaphore qui lui file envie de pisser, il allume sa clope sur le feu naissant et se lève...
Ces deux-là vont sans doute veiller.

Messages : 33 Date d'inscription : 14/12/2010

Le Cole, d'ordinaire si bouillonnant, semble aussi calme et placide qu'un mégalithe dans ce contexte. Lui même, en toutes circonstances. Un bon moyen de se préparer à ne pas chier dans son froc le jour ou la mort vous percutera. Son habituelle agitation, souvent inexpliquée, prend aujourd'hui tout son sens. Fixant les flammes, il y voit un cheval rouge galopant. Inconsciemment, une musique lui emplit la tête

https://www.youtube.com/watch?v=sgmUVuLJrpw

Smile, you'd better never cry
A man like you should never shed a tear
Smile, each time you'd better smile
When things go wrong, so wrong
You wish to die, to die

Pas d'problèmes, gars. On a dit qu'on partageait les emmerdes. J'ai ajouté un crotin, t'y a foutu une sacré montagne... C'était l'deal, j'te prends tel que t'es, et j't'ai d'ja dit que j'aimais pas les figures trop lisses. Même si bon, pour l'instant, l'seul fruit d'notre collaboration, c'est c'gros tas d'bousin !

Pensée pour Emi. Se fait elle un sang d'encre, après qu'il ai coupé en urgence son appel pour enfourcher sa bête ? Il ne sait pas vraiment la nature exacte de son ressenti vis à vis de lui. L'aime t'elle ? Souffre t'elle ? Si c'était le cas, il serait déchiré entre bonheur et culpabilité. C'est une boîte de Pandore dont le contenu devra rester secret, pour leur bien commun.

I know it's hard to smile the day
Your girl has gone away
And you're alone

Lie, sometimes you'd better lie
A man like you must keep his pain inside, inside

J'vais passer un coup d'fil a... A Emi... C'est, disons, compliqué... Mais, t'sais, quand j'disais qu'j'étais invulnérable ici, c'est just'ment grâce à elle... Tout c'que j'ai d'plus précieux est a des kilomètres au nord ouest, bien caché sous terre. Sans ça, j'aurais jamais osé négocier c'que j'fais ce soir.

Lie, sometimes you'd better lie

Cole s'éloigne un peu et règle sa radio. Il veut être seul, seul avec son seul trésor, sa seule raison de croire, et de s'accrocher comme personne ne le peut.

Vraiment ?

En tout cas, ce n'est pas la fréquence d'Emi, que le rouquin appelle.

Deux desperados autour d'un feu de camp, chameaux au repos, dans les ruines de ce qui devait être une étable, une écurie ou la maison de péquenauds locaux. Le contexte est replacé.
Ils ont quitté la RSA un peu plus avant.

Delamort tripote sa blague à tabac tandis que le rouquin s'est éloigné pour passer ses messages... Il a un petit moment pour songer, allongé sur le dos, le large morceau d'étoffe lui servant de cache-nez lors des déplacements est calée sous sa tête en guise d'oreiller.
Il regarderait bien les étoiles dans un élan romantique inspiré... Sa mâchoire est animé d'un petit tremblement nerveux, pas le froid, non, autre chose...
Il est un moment où ses doigts s'enfoncent dans le tabac, la sensation est agréable, le parfum âcre lui emplit les narines, un petit moment de félicité en plein air...

On va tâcher de dorrrrirrr, Cole.
Demain on se lèverrrra tôt.. On oublie tout cette merrrrde, on a un haut fait d'arrrrme à accomplirrrr...

...
On doit rrretrrrrouver Zoé.. Rrretrrouver Zoé..

Il soupire, le froid lui engourdit les doigts et il doit s'y reprendre à plusieurs fois pour rouler sa cigarette, qui ressemble à un foutu prototype qui aurait foiré...

Dis Cole... Si ce que tu as de pus prrrécieux est quelque parrrt, rrespirrrre et possède un cerrveau qui lui impulse des émotions, faudrrrrait pas que tu déconnes... Je t'en dois une. On pourrrait s'occuper de ça un jourrr...

Nouvelle clope, fume-cigarette oublié, à la cow-boy pour le coup.
Il se tourne sur le côté, s'adressant toujours à son partenaire de galère sans savoir s'il l'écoute réellement... Dans un état approchant des premières somnolences il ajoute...

On rrrrisque peut-êtrrrre d'avoirrr besoin de rrravitaillement.. Pourrrr pas y passer nous-mêmes, pourrr rrramener la borrrgne, aussi..

Demain...
On causerrra de ça demain...

Un feu qui illumine loin dans la plaine, un foyer précaire.
Demain sera un autre jour.

Messages : 33 Date d'inscription : 14/12/2010

Les adieux a "Emi" à la radio furent peut être trop expansifs pour être sincères... Un bon chevalier doit faire preuve de réserve avec sa dame, voir d'interdit. Qu'importe, le contexte peut aider à faire passer ça en douceur, comme un suppo pour gosse dans la rondelle d'un vieux sodomite. Sans doute exagérer le trait permettrait à un Delamort absorbé ailleurs de ne pas soupçonner qui était à l'autre bout de l'onde, malgré les "Emi" rpétés à tout bout de champs, les "princesse", et autres recommandations écœurantes de douceur, qui, sortant de la bouche marmonnante du rouquin, semblent irréelles.

Il revient vers capitaine pivoine, pensif, lui aussi, et toujours aussi calme.

M'dois rien, non. C'est bien comme ça. P't'être que quand tout ça s'ra calmé, tu pourras m'aider la d'ssus... Mais, ça ferait passer tes plans d'secours à l'improviste pour une colonie d'vacances...

Oublie, j'me fais du mal.

J'vais me pieuter. Réveille moi avant d'lacher, toi aussi. Et demain, on ramène ta Zoé.

Fourbu, Cole se glisse sous une couverture qui sent encore l'air humide de New Vegas, et s'endort rapidement, dos aux flammes.

Nos deux aventuriers de l'extrême ont quitté tôt ce matin, dans le froid et la légère brume, avant même que les premiers rayons du soleil ne viennent colorer le ciel, le ranch Cassidy...
Ils ont fait route vers l'inconnu, retrouver une toxicomane perdue dans l'immensité du désert de ce coin du fract n'est pas chose aisée, mais elle ne pouvait être que dans ce secteur..

L'aurore pointe.
Delamort ne quitte pas ses jumelles, il faut scruter l'horizon partout, 4 points cardinaux à couvrir en permanence. Le duo de desperados a petit mine, la nuit fut courte, froide, et peu réparatrice. Les montures répondent encore, elles obéissent stoïquement aux ordres de marche, belle création que ces chameaux, des bestiaux besogneux et durs au mal, l'idéal pour ce genre d'expédition suicide... La faim tenaille les entrailles de l'irradié, ses lèvres desséchées sont douloureuses, une vilaine crevasse entaille la babine inférieure, ses doigts virent au violet, oui il a ceci de commun avec les peaux normales. Le spectre chromatique épidermique est égal face au froid.

La radio Reste muette, désespérément muette, il faudra compter sur un hypothétique éclair de lucidité de la borgne pour espérer la localiser avec précision...

...
Encore des ruines, et le soleil est cette fois bel et bien levé...
Une épaisse couche nuageuse couvre le ciel, il est d'un gris clair uniforme, monotone et oppressant. L'irradié porte sa gourde à ses lèvres et la laisse s'écouler des dernières particules de fluide vitale en position verticale, tête renversée en arrière. La fin des haricots, les réserves sont bel et bien épuisées...
Une halte est nécessaire, dans cette portion de désert, quelques ruines témoignent de temps anciens, impossible de définir si nous avons affaire à un ancien hameau, une station-service ou une aire d'autoroute, petite parcelle de civilisation perdue, au milieu des dunes. Le désert prend une étrange coloration, teinté qu'il est par ce ciel stérile...

Cole.. *kof kof*...
Barrroud d'honneurrr mon vieux...
On ne tiendrrra pas comme ça.
J'émet un appel de détrrrresse... Fais demi-tourrrr, fonce à la RSA et rrramène les vivrrres que tu pourrras... Je ne sais pas si on va rrretrrouver Zoé en vie, mais il commence à êtrrre prrobable qu'on y laisse la peau également... Fonce là-bas. Pourrr ma parrrt ma vie ne vaut plus trrrès cherr, arrrrrh. Mais faisons au mieux.

Il pose pied à terre au milieu des ruines, scrutant l'horizon, toujours.

Messages : 33 Date d'inscription : 14/12/2010

La petite bouteille d'eau brouillée est la seule réserve que Cole ait pu embarquer... En dehors de ses drogues, bien entendu. Talonnant les flancs usés de sa monture, le rouquin l'oriente dans la bonne direction. Un sourire aigre, mais amusé étire ses lèvres sèche devant le pessimisme de Delamort.

C'est ça. Ta gueule. Et à bientôt.

Empruntant le chemin qui mène en RSA au triple galop, Cole n'essayait pas d'évaluer ses chances de rentrer en vie, d'avoir assez de vivres à temps, et de retrouver le duo improbable en plein désert vivants, pour les ravitailler comme un livreur de chez Domino Pizza. Il ne préférait pas. Il se contentait d'y croire, dur comme fer.

Dans l'immensité d'un décor rendu lisse par la neige, sol et ciel se confondant à peine, une silhouette erre. Un type emmitouflé dans plusieurs épaisseurs d'étoffe se balade avec un détachement certain assis sur un chameau transi de froid. De sa bouche s'échappe un souffle brumeux, il chantonne..

Le corps au sol est déjà bleu.
Des tâches brunes souillent son visage. Aucun charognard n'aurait bouffé de cette chair-là, L'irradié a pratiqué le cannibalisme jadis, et il manque clairement de nourriture, mais ce sera sans lui cette fois.

L'opium rend les choses plus simples.
La faim ne vrille plus ses tripes, la déshydratation ne provoque que quelques symptômes physiques... La came a cette vertu... Ses sensations sont douces, et même lorsqu'il effleure le corps gelé l'affreux toucher ne lui tire qu'une grimace confinant au rictus amusé...

Pas une belle mort, non..

Arrrrh... Tu sais que c'est un sacré bel imper' que tu as là ?..

Pas une belle mort.
Le corps est raide mais docile, lorsque Delamort le fait basculer sur le côté. Dans ses doigts crispés, une lettre.
Rien à foutre. L'encre a coulé et c'est illisible. Juste une signature.. Le Serbe.

Un sacrrré bel imperrr...

Dans l'immensité d'un décor qui se décolore à vue d'oeil, une silhouette vêtue d'une nouvelle couche continue son errance...

Suite ici
https://rsa-fract.forumgratuit.org/t234-la-mort-de-zoe-zero#2484

Ben oui