République Sérénissime d'Aurore
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Forum de la RSA sur le jeu post-apocalyptique fractal
 
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 La Mort de Zoé Zéro

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Zoé Zéro

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MessageSujet: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyJeu 27 Jan - 15:34






Il n'y a que la poisse et le dégoût qui encrassent ses veines, jusqu'à ce que celles ci se fassent un peu trop violettes, dans son champ de blé pourtant mûr.
C'est de la petite mort concentrée que l'on devine, dans ses affreuses saillies qui gonflent son cou et engourdissent ses poignets.



Dans l'allée de bonne famille balayée par les vents violents venus du nord, au milieu des squelettes de quelques pavillons désossés, une cavalière et sa monture progressent avec l'empressement d'une limace.

Derrière le col de son blouson en cuir, à la fermeture éclair rabattue jusqu'au nez, ses lèvres charnues bleuissent, alors que de la vapeur d'eau s'élève de part et d'autres de sa chevelure noire comme la nuit, emmêlée en chignon anarchique, comme des volutes d'opium.

Dans la banlieue chic en ruine, les porcs sauvages ont investi les baignoires en étain. Quelques serpents ondulent le long des boîtes aux lettres encore debout.

Et une borgne sans cache-oeil aucun met pied à terre, devant un bâtiment austère au toit manquant, où git, sous les vitrines criblées d'impacts de balles, une immense enseigne en forme de croix qui ne sera plus jamais verte.
La jeune femme, à la prothèse orbitale cerclée de cicatrices monstrueuses, s'engouffre dans le pandemonium de la pharmacopée déchue. La vieille carne patiente en broutant quelques herbes vivaces qui, miracle de l'éternel recommencement, ont réussi à crever le bitume.


Nous sommes à des centaines de kilomètres de la République Sérénissime d'Aurore.
Il fait 5° celsius.
Quarante-cinq kilos de chargement.
Une seule lune de vivre.

Et l'héritage d'une froide solitude angoissée n'a jamais été aussi généreux.


Dernière édition par Zoé Zéro le Ven 28 Jan - 10:06, édité 1 fois
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Zoé Zéro

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MessageSujet: Re: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyJeu 27 Jan - 22:08

La belle qui soigne la bête.

Accroupie près de la tête d'Emiliano, Z lui écarte de deux doigts une paupière, afin de lui verser toute une pipette de liquide transparent dans l'oeil. Le cheval, sous le toit de tôle d'un garage improvisé, n'en mène pas large, avec ses membres non seulement décharnés mais particulièrement fourbus, et les rumeurs persistantes des sauvageons alentour: l'atmosphère dégage son lot d'hululements, de sifflements, de couinements, et de feulements sinistres. Mais, en lui massant doucement la paupière, s'il y a bien une voix qui recouvre, à ses oreilles pleines de gale, le tintamarre effrayant de la nature indomptée, c'est bien celle de Zoé...


« Cinco elefantitos, éste se cayó...
Cuatro elefantitos, éste se perdió...
Tres elefantitos, éste se enfermó...
Dos elefantitos, éste se murió....
Ahora queda uno, uno se quedó...
Y este elefantito, me lo llevo yo...
Me lo llevo yo...
 »


Elle pleurniche un peu, la mexicaine, après avoir jeté le collyre... Elle pleurniche en caressant fébrilement le museau humide de la bête... Et sa comptine reprend parfois; quelques mots, quelques phrases, fragments éparses arrachés des sanglots, alors que l'animal ferme les yeux, et se laisse faire...

Finalement, c'est quatre cachets de Vicodin, qu'elle avale sec en se couchant elle même, dos collé contre son pauvre ami. La borgne tire du mieux qu'elle peut le blouson sur son visage fatigué; ici, le froid semble la pénétrer jusqu'aux entrailles...
Mais pas la moindre présence de tics nerveux, à la jambe droite...
Pas le moindre soubresaut suspect des pommettes, alors qu'elle renifle: son oeil pleurniche parce que ça caille; sa voix déraille parce que les glaires... Putain de merde, c'est pourtant simple à comprendre.
L'écho de la maudite civilisation des hommes n'est plus qu'un vague souvenir...
A quelques choses près...

Et, entre ses doigts presque mauves, c'est bien le canon d'un Colt Python qui crache du 357 magnum, qu'elle tient serré contre sa poitrine tremblante... Chargé.
Et de murmurer, en claquant des dents...



« Cinco elefantitos, éste se cayó...
Cuatro elefantitos, éste se perdió...
Tres elefantitos, éste se enfermó...
Dos elefantitos, éste se murió....
Ahora queda uno, uno se quedó...
Y este elefantito, me lo llevo yo...
Me lo llevo yo...
 »



C'est incroyable, tout ce que l'on peut trouver, dans une pharmacie à ciel ouvert, parmi un fatras de vêtements poisseux, imbibés par la chair et les organes décomposés de quelques pillards anonymes...
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Zoé Zéro

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MessageSujet: Re: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyVen 28 Jan - 0:09

Deux jours plus tard... Même endroit.




Le brouillard a plombé chaque artères de la ville fantôme de sa robe poisseuse.

L'horizon est bouché. Mystique.

Dans la purée de pois...

Zoé Zéro devant une tombe fraîchement creusée.
Zoé Zéro sans son cache-oeil.
Sang vierge.
Zoé san/s/g Zéro.


Pioche et pelle recouvertes de terre et de rosée matinale, à ses pieds.



Colt Python et gant de cuir noir, main gauche.


Colt Python, tempe gauche.


Index gauche, gâchette.



Et un sourire, visage radieux.



« Viva la Revolución. »


Clic.
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MessageSujet: Re: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyVen 28 Jan - 12:21

[...]


La tête écrasée sur une motte de terre, Zoé Zéro est clouée au sol.

Le soleil commence tout juste à irriguer le ciel d'ocre alors qu'une faible bise agite quelques mèches crasseuses de la brune.

Emiliano donne de grands coups de museau dans le flanc de la morte.

Nous sommes à des centaines de kilomètres de la RSA.
Il fait 5° celsius.
Quarante-cinq kilos de chargement.
Une seule lune de vivres.


Ici, le cimetière s'étend à perte de vue. Point de ville fantôme. Juste des alignements de tombes plus ou moins continus, parsemés de petites croix blanches.


« Hmmm.... »


La mâchoire s'active. L'oeil valide s'ouvre lentement, avant de se refermer, irrité par un paquet de terre. Une main gantée de cuir noir frotte la paupière. Le vieux cheval s'ébroue, alors que Zéro se redresse péniblement sur ses coudes. Regard à droite, regard à gauche.





« Humpf. »




Un affreux goût amer, dans la bouche. Un putain de cimetière en guise de couche. La désagréable impression de s'être fait rouler dans la farine en beauté. D'être repartie de Zéro. Une tête vide mais paradoxalement lourde. Elle avise la monture d'un air sinistre.





« Salut. J'm'appelle Zoé. »



« Zoé Zéro. »


Quelque chose scintille, logé dans la poussière. Zoé gratte un instant les contours de l'objet, avant de l'examiner. Une balle de 357 magnum.


« Qu'est-c'que... »


La main continue de gratter nerveusement le sol, alors qu'elle extirpe une à une du terrain morbide des munitions de même calibre. Puis, alors qu'elle s'est mise à genou pour l'occasion, c'est toute la tombe qu'elle commence à piller, en tombant, à chaque pelletée de terre soulevée, sur les petites soeurs.

Une pyramide de balles commence à se former près de sa cuisse, tandis que ses mains se retrouvent affligées de pitoyables convulsions.
Qu'elle se voit contrainte de se plier en deux, le ventre cisaillé d'une douleur tenace, alors que sa gorge s'éprend de plusieurs haut-le-coeur, sans que rien ne sorte jamais. Nausée matinale. Le manque.





Sur le coup de midi, Zoé Zéro a repris un zeste de calme. Une seringue usagée agonise à quelques mètres de la borgne, qui a replacé son cache-oeil sur sa face blafarde, avec son drôle d'assemblage de sueur et de terre... Son visage ressemble à une céramique fendue, lézardée, incomplète.

Elle compte les boîtes de munition, qu'elle a parcimonieusement alignées devant elle. Comme les tombes. Douze au total. Pour des milliers de sépultures.




« Si seul'ment j'vais l'flingue qui va 'vec. Putain ouais. »




Et pourtant, sans qu'elle ne le sache, il est là, quelque part, le fameux engin. Six pieds sous terre.

En fouillant sa besace, elle a trouvé la radio Vault Z, aux résistances qui clignotent étrangement, ainsi qu'un petit bout de papier, comme une liste de course. C'est sa propre écriture, irrégulière et grossière.




« RSA...
Une machette... Une 'teille d'genièvre... Une caisse d'binouzes... Trente-cinq kilos d'hallucino... Cinq kilos et quatre cent meuges d'chichon... Deux kilos et quatre cent meuges d'coca...
 »



« C'est quoi c'te foutue connerie de puta madre ? »
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Delamort
Patron du DEAD HORSE SALOON - Conseiller
Delamort


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MessageSujet: Re: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyJeu 3 Fév - 13:19

C'est le jour et il fait gris, il semble faire gris à des lieues, le monde entier doit être gris, le ciel, le sol comme le beau pardessus de l'irradié ou la robe de son chameau, gris, gris, gris...
La neige tombe telle la poisse, comme autant de déchets poisseux collant au chapeau et aux sabots, façonnant ce paysage désolé, ce champ de cendres. Le froid s'insinue partout, l'humidité gelée vous transperce jusqu'aux os, rien n'y échappe, le plus hermétique des contenant subit le même traitement, tout gondole, se déforme, se replie pour échapper à la rudesse de ces jours malheureux...

Face à un tel tableau il y a la came, la came qui vous fait tenir le coup, qui peut tout vous faire encaisser, quitte à en payer le prix fort.


On n'y voit cure et au détour d'une dune enneigée vous pourriez tomber sur l'irradié sans l'avoir vu arriver, lui continue d'y croire, défoncé qu'il est sur son trône à bosses, il fixe l'horizon pour y trouver quelque trace de vie, les lunettes des jumelles sont encrassées et envahies de buées comme de gouttelettes qui en rendent l'utilisation quasi impossible..
C'est une opération survie, une putain d'exfiltration en milieu hostile et le héros s'appelle Delamort, alors il y va à l'instinct, rien à foutre. Défoncé qu'il est.
Et la radio de demeurer muette. Toujours.



À quoi bon chercher une connasse de borgne complètement perchée et agressive qui ne veut même pas d'aide, hmm ? Qu'est ce qui motive un mort en sursis à faire preuve d'un altruisme inédit pour sauver une âme au péril de sa propre peau ? Rien à comprendre.. Mais il ne lâchera rien, défoncé qu'il est.





Le corps sans vie est étalée au sol façon pantin désarticulé, une botte encore coincée à l'étrier, gardant une jambe levée dans une pose surréaliste. As t-elle seulement vu quelque chose venir ? Ou la mort est-elle arrivée comme ça, d'un coup, implacable et soudaine ?
Les cadrans des pompes à essence affichent encore de vains numéros et des inscriptions incompréhensibles qui signifièrent quelque chose jadis pour la civilisation d'Avant. Trois pompes aux tuyaux arrachés estampillées Shlumfigër Oils, un petit porche et les restes d'une bâtisse, sûrement une boutique où nos empaffés d'aïeux venaient payer leur jus et s'offrir des friandises.

Le corps sans vie vire au bleu, la teinte ambrée de celle qui fut plutôt bien carrossée n'est plus. Un putain de cadavre, les joues sont creusées et les yeux révulsés, des tâches de vomissure souillent toute la partie droite du visage, les lèvres entrouvertes laissent échapper une langue gonflée et noircie... Ses doigts semblent crispés, comme s'accrochant à on ne sait quoi..

Emiliano est entrain de se faire un festin.. Il broute les cheveux de son ancienne maîtresse, ça lui reste entre les dents ça e semble pas pratique, à chaque coup de ratiche la tête de la borgne fait un sursaut, comme vivante, le tableau fait peur...
Lorsque l'irradié prend la brise du vieux cheval famélique, il arrache un pan de cuir chevelu... ça ne saigne pas, elle est pratiquement gelée... D'un coup de pompe il décoince la botte de l'hispanique de l'étrier, la jambe chute lourdement au sol, raide comme un gourdin... Raide oui c'est cela.

Sur le sol grisâtre d'une ancienne station-service, une borgne scalpée jonche le sol près d'un bardas improbable étalé au sol, un fût renversé et éventré laisse échappé un liquide noirâtre.
Et tombe la neige...




Il avait fini par tomber sur cet abris, pur coup de chance, allez savoir, mais l'hispanique avait très certainement eu la même idée que lui... S'abriter dans les restes de cette boutique le temps de laisser passer le gros de l'averse de neige... Il n'a même pas ressenti d'intense surprise en découvrant là le vieux cheval squeletique en train de bouffer le corps sans vie de celle qu'il cherchait depuis deux lunes... Défoncé qu'il est.


Tout le monde à l'intérieur, le chameau, le cheval... Emiliano qui semble un peu perturbé, allez comprendre..


Olaa... Arrrrh.. tout doux.. tout doux amigo...

Il fera un feu pour réchauffer tout ce petit monde, quitte à attirer les cannibales, les pillards et autres paumés du coin.. Rien à foutre...
Le froid a cette vertu utile dans son cas qu'il retardera largement la décomposition du corps, alors il le hisse sur le vieux bourrin, Zoé entamera son ultime chevauchée demain, allongée sur le ventre, jambes et bras pendant de part-et-d'autre des flancs de l'animal. On lui fera une sépulture, aaah elle les aurait bien envoyé chier tous autant qu'ils sont s'il avait su.. On la mettra en terre et il pissera sur la tombe comme un ultime hommage à celle qu'elle fut.






Assis dans un coin de la bâtisse il ôte ses mitaine et règle les boutons cylindriques de sa radio...

**SkhrrrrrHhrrrrr**

Ici Delamorrrrt...

Arrrh..
J'ai rrrretrrrrouvé Zoé Zérrrro.
Morrrrte.

...

**SkhrrrrrHhrrrrr**

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Cole Winston

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MessageSujet: Re: La Mort de Zoé Zéro   La Mort de Zoé Zéro EmptyLun 7 Fév - 12:33

Il est des sacerdoces qui vous collent à la peau telle la gale, et qui ne vous lâchent plus. Depuis que Cole s'était résolu à enterrer tous les corps du désert qu'il croiserait, il était sollicité de toutes part. Le commanditaire du jour était un certain Delamort, résidant au 67 rue nulle part, perdu dans dune prairie verglacée.

Sur place, le bonhomme rouge était presque bleu à cause du froid, quand à la Zoé, elle aurait pu tourner dans avatar 2 si son cadavre avait été moins rigide, et gardé un poil de souplesse. La monture, elle, était bonne pour la casse. Certes, elles avançait encore, mais son âge avancé, le froid à venir... Sans parler de cette poix séchée dégueu qui avait fait des boulettes dans ses poils... Après une rapide concertation avec le client, l'héritage fut partagé, distribué, et on mit le feu au cheval pour se réchauffer.

Le froid rendait cette tache encore plus pénible, mais fort heureusement pour nos deux cavaliers, elle touchait à sa fin. Ils seraient rentrés d'ici peu, avec probablement de quoi ouvrir un nouveau saloon dans leurs besaces.
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