République Sérénissime d'Aurore
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 Regrets

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Pourpre

Pourpre


Messages : 2
Date d'inscription : 22/05/2011

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MessageSujet: Regrets   Regrets EmptyJeu 26 Mai - 22:44

Il n'aurait pas cru survivre à la fin du monde. Pas lui. Il faut dire aussi qu'il n'y avait jamais pensé. Maintenant qu'il y était il se demandait franchement quel intérêt il y avait à tenter de survivre dans un monde tel que celui-ci. Quel intérêt... Il survivait bon gré mal gré depuis des jours, des semaines, des mois... qu'en savait-il ?! Se trainant avec une froide détermination, il avait persévéré, espérant trouver quoi que se soit qui justifia sa survie. Dans les profondeurs de son désespoir, il en était venu à se demander si quoi que se soit justifiait à la survie de toute l'humanité, et s'ils n'étaient pas au final que des jouets, des pantins s'agitant pour les plaisirs d'un quelconque dieu malsain.

...


Pourpre ouvrit les yeux. Gémissant en raison de la lumière du soleil qui venait heurter son visage. Il tenta de bouger mais le mouvement lui arracha un cri de douleur. Sa peau avait brûlée au soleil et sa position inconfortable avait réveillée des cicatrices trop récentes. Il tenta de se relever une seconde fois puis s'écroula, ses bras ankylosés ne pouvant le porter. Son regard las fixait, derrière ses lunettes de soleil, quelque point lointain dans les rares nuages qui parsemaient le ciel. Un soupir exténué s'échappa de sa gorge.

...

Oh bien sur il avait eut des moments d'espoir. À commencer par quand il était sortit, tremblant, affamé et ahuri. La lumière du soleil l'avait aveuglé mais cette brûlure insoutenable avait éclairé son visage d'un sourire dément :" il était dehors.

Bien sûr il avait vite déchanté, les privations et les actes de violences qu'elles avaient engendrés, tant chez ses semblables que chez lui, l'avaient profondément marqué. Il n'avait pas su s'arrêter. Le meurtre était devenu un systématisme. Il avait espéré garder quelque contact avec l'humanité en écoutant sa radio, sur laquelle il passait tout le temps qui n'était pas consacré à marcher ou à se battre. Mais tout ce qu'il avait ressentit c'était un sentiment de dégoût face aux déclarations devant l'attitude de ses congénères...

Puis il avait rencontré Victor Tannier et les autres. Là un espoir l'avait saisit. L'espoir qu'il n'aurait plus à tuer comme une bête, l'espoir de parler avec des humains. Bien sûr il n'avait pas été des plus sociables mais il était resté accrochés à eux comme à un fragment d'humanité inestimable.

Fragment que le Destin avait encore piétiné. Mort, mutilation, folie. Le groupe qui pour lui représentait la salvation avait sombré dans le chaos. S'il avait rejoins Aurora avec eux s'était en désespoir de cause et par lassitude, mais ils ne leur avait plus fait confiance. Tous étaient comme lui. Tous avaient perdus leur humanité. Aurora n'était pas mieux, lieu vide d'ambition et creux ou quelques pauvres âmes venaient se retrouver dans une parodie d'humanité inutile...

...


Il se réveilla en gémissant tandis qu'un caillou pointu s'était enfoncé dans ses cotes, réveillant une vieille douleur dans ses cotes. Un coup de batte s'il se souvenait bien. Encore une fois il tenta de se relever mais sans plus de succès que l'impression que son corps entier avait été carbonisé. Sa chemise trainait en boule à plusieurs mètres. Pourpre poussa un nouveau gémissement et parvint cette fois-ci à se relever. Son corps tremblait de fatigue et de douleur mais il se mit malgré tout en chemin. Où ? Il ne le savait pas, mais après tout ça ne changea pas tant de d'habitude.

...

Il n'avait pas cherché à survivre de façon général. La survie avait ce fâcheux défaut de s'imposer à vous dans certaines situations. Même avant le Crash, la survie semblait lui coller au cul. Il aurait du mourir, il n'y avait pas de mot pour décrire ses crimes... Il se souvenait encore des visages de ses collègues de travail quand il était entré, les yeux fous, un fusil à pompe entre les mains. Aucun n'avait survécu. Les bureaux avaient été retapissés de sang. Mais là encore ça n'avait pas suffit. On avait tenu à le maintenir en vie, à ce qu'il paye sa dette à la société en prison. Si ça avait été son seul crime à la rigueur. À bien y réfléchir depuis cet incident le meurtre avait semblé lui emboîter le pas avec joie. Il avait beaucoup tué, pour s'en sortir.

Aujourd'hui il regrettait. Mais était-ce suffisant ?

...


Halluciné par le plastique qu'il avait inhalé, blessé, désespéré, il trébucha et s'écroula sur quelques mètres. Ses lunettes de soleil se brisèrent dans un craquement tandis qu'elles heurtaient un rocher. Il commença alors à pleurer, les yeux rouges, injectés de sang, allongé au soleil comme une pathétique larve dépressive. Il resta ainsi longtemps puis se releva et repartit, errant, parodie d'homme rongé par ses remords. Il finit par se tenir devant ce qui devait être les "fortifications" d'Aurora, ou du moins le tas de planches qui jouaient ce rôle. Ses yeux se perdirent un moment dans la contemplation de la chose. Puis il s'en alla d'un pas à peine plus sûr. Dans ses yeux brillait une froide détermination.

Quelques minutes plus tard un caillou vint heurter le bâtiment en une provocation aussi risible qu'inutile. À quelques dizaines de mètres, cadavérique silhouette brulée par le soleil, on pouvait voir Pourpre, la bave aux lèvres, qui fixait les gardiens de la ville avec des yeux fous. Dans sa main il tenait un bout de planche ridicule. Plusieurs longues secondes passèrent avant qu'il lève son arme improvisée et pousse un hurlement dément, mêlant rage et désespoir. Il chargea alors, une dernière fois, à l'image de quelque berserker qui fonce tête baissé dans une bataille perdue.

Et qui meurt.

...

Il sentait la vie s'échapper se son corps par toutes ses blessures, en même temps que tous ses remords. Au dessus de lui le soleil éclatant, véhicule de sa folie, disparaissait vers l'horizon, emportant avec lui tout ce qu'il aurait pu regretter dans une douce odeur de plastique brulé. Écroulé sur le sol comme une poupée démantibulée, son visage ensanglanté fixait le ciel dans un regard donc la vie s'échappait peu à peu.

Bah, il pouvait partir. Il n'y avait plus rien à sauver.
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